Le rêve : «avoir sa propre galerie»

Je suis bien fébrile… Ça fait une mèche que je n’ai pas rencontré d’artiste dans le cadre de ma série ‘Portraits d’Artistes’. J’ai rendez-vous avec Jean-Marie. Quand j’arrive, il est au téléphone et j’entends : «Est-ce que je peux aller à votre hôpital pour euthanasier mon patient?» Une chance que je sais que Jean-Marie est vétérinaire, parce que je me serais figée ben raide sur place en entendant ces mots.

Vous voulez vendre vos œuvres? Vous perdez un temps fou à présenter vos dossiers ? Vous en avez assez de courir les expositions et les symposiums, de trimballer vos toiles à droite et à gauche? Vous trouvez que les galeristes exagèrent avec leurs taux de commission ? Vous rêvez d’avoir votre propre galerie?

C’est le grand saut qu’a fait Jean-Marie Bergeron artiste passionné et polyvalent. Que peut-on espérer de mieux ? Le contrôle sur toute la ligne, de la création, à la présentation, à la fixation des prix, au contact direct avec le client potentiel jusqu’à la vente finale.

Jean-Marie s’est découvert artiste à l’âge de 14 ans mais il a commencé à peindre seulement au début de la quarantaine et depuis les derniers 27 ans, sa passion le consume toujours autant.

Jean-Marie se dit autodidacte. Il a surfé sur sa créativité en vagues : de ’87 à ’95 : paysages neigeux printaniers, champêtres, plan d’eau, natures mortes, fleurs inspirées, aquarelles saignantes, nuageuses soit au pinceau à la spatule. Ensuite sont venues les créations à l’acrylique de portraits humains ou d’animaux. De 2000 à 2005, il a exploré les œuvres impressionnistes craquelées et d’aspect vieillot. Ces techniques ont bientôt laissé place à des giclées de couleurs ou à des marais ou plans d’eau sauvages à relief.

La Barque Verte -Jean-Marie Bergeron 2014
La Barque Verte -Jean-Marie Bergeron 2014

Armé de détermination et débordant d’énergie, Jean-Marie, secondé par son conjoint, enfile les vernissages et les expositions et il vend ses tableaux.

C’est en 2000 que Jean-Marie se lance et ouvre sa première galerie ! Oui, vous avez bien lu : la première. Le voici donc maître absolu de sa carrière. L’Atelier Bergeron est un local de 1000 pc tout simplement magnifique, bien situé sur la rue Amherst au sud de Ste-Catherine. Comme dans tous les commerces, les heures sont longues, une présence continuelle doit être assurée, il faut gérer l’administration, répondre au téléphone, aux courriels et évidemment recevoir les clients, et ce, 7 jours sur 7.

Ah ! Vous vous demandez si Jean-Marie a présenté seulement ses œuvres dans sa galerie? Non, il a aussi fait quelques événements pour donner un coup de pouce à d’autres artistes en qui il croyait: un mois d’exposition en échange d’une commission de 30% sur les ventes éventuelles. Croiriez-vous qu’il y a des petits snoros d’artistes qui ont vendu en direct après les 30 jours d’exposition, question d’économiser les frais de commissions ? C’est pas vraiment fin ni professionnel ça !

L’aventure durera 2 ans au cours desquels les ventes se chiffrent à environ 40 000 $… C’est un bon chiffre d’affaires… ça change pas le monde sauf que… quand Jean-Marie s’assoit pour calculer le loyer, les dépenses et autres frais, il réalise que ce n’est pas c’est hyper rentable. C’est avec regret que L’Atelier Bergeron ferme en 2002.

Chrysanthèmes - Jean-Marie Bergeron 2011
Chrysanthèmes – Jean-Marie Bergeron 2011

Par la suite, il sera représenté par une grande galerie de juillet 2009 à octobre 2012. Le galeriste, maître en évaluation, lui a donné sa cote d’artiste. Mais la situation économique change, les acheteurs se font plus rares, la compétition plus féroce. Le galeriste préfère investir dans des œuvres de peintres décédés (tiens ! ce n’est pas la première fois que je l’entends celle-là – Antoine Bittar m’a fait la même remarque) En passant, pour ceux qui se posent la question : le galeriste se gardait 50% du produit des ventes.

Toujours à la poursuite de son rêve, Jean-Marie ouvre une deuxième galerie il y a deux ans. L’expérience démontre que la localisation est moins bonne donc moins de passants. Cette galerie servait également d’atelier : on pourrait penser que c’est une combinaison gagnante mais quand on paye 1 500 $ de loyer par mois : faut en vendre des tableaux et des petites cartes pour que ce soit rentable !

L’aventure s’est terminée en mai 2015. Jean-Marie n’a pas encore fait son deuil… Pas facile de laisser aller ses rêves et ses ambitions.

Et vous ? Vous y avez déjà pensé ? Vous rêvez d’avoir votre propre galerie ? Règle numéro UN : la localisation, la localisation, la localisation. Jean-Marie vous suggère de faire une étude de marché, assurez-vous que vous proposez quelque chose d’unique, soyez actifs sur les réseaux sociaux et gérez un site internet qui reflète votre professionnalisme et … soyez le seul artiste exposant.

Les galeries personnelles sont choses du passé pour Jean-Marie. Il loue maintenant un espace au Centre d’Art de Montréal et se prépare en vue d’une exposition prévue pour le printemps prochain au Centre.

Oui, oui, c’est mon voisin d’atelier! Je le vois tous les jours, il est heureux comme un roi et beaucoup moins stressé. En fait, il peut maintenant faire ce qu’il aime le plus : créer!… et s’occuper de ses patients à quatre pattes… Euh! Non, il ne les euthanasie pas tous et il est toujours actif comme vétérinaire, se déplaçant aux résidences.

Voyez les œuvres de Jean-Marie en cliquant ici :

Sur ce, je vous souhaite une semaine débordante de beaux rêves ! Diane

Cosaque japonaise - Jean-Marie Bergeron 2014
Cosaque japonaise – Jean-Marie Bergeron 2014

6 commentaires sur « Le rêve : «avoir sa propre galerie» »

  1. Bonjour Diane je viens de lire votre article sur Jean-M.Bergeron .j’aimerais bien avoir contact avec lui car j’ai une toile de lui et je le cherche merci de m’aider René L.

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    1. Bonjour monsieur Lapointe, Il y a des années que je n’ai pas vu Jean-Marie. Il possède deux compte sur Facebook – sur lesquelles ils n’y a pas beaucoup d’activité. 1) Bergeron Artiste 2) Jean-marie Bergeron. Bonne chance !

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  2. Bonjour Diane,

    J’ai bien aimé ton article mais moi non pas envie d’ouvrir ma propre galerie, trop de gestion, trop de paperasse et trop de sous que je n’ai pas pour ce genre d’aventure. Et par les temps qui courent pas certaine que ce soit rentable.

    Bonne journée,

    Joanne

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    1. Oui, Joanne, ça porte à réflexion. Mais si on est jeune, plein d’énergie avons de la facilité avec tout ce qui est nouvelle technologie et la tête pleine de rêve et d’espoirs… c’est une belle aventure à vivre !

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